« Tant que nous n’aurons pas éradiqué cette haine, elle continuera de calomnier l’homme et ses motivations véritables, elle tournera autour de nous en guettant la moindre de nos faiblesses, erreurs ou péchés, qui sont nombreux, non pour mieux nous comprendre ni pour nous aider, mais pour nous rendre responsables de son propre sadisme, de sa soif de sang.
La haine pathologique reflète l’instinct primitif du prédateur sachant que la torture de la faim peut être apaisée par du sang chaud. Au cours de l’évolution, la culture a atténué et complexifié cet instinct, le mettant à distance par une argumentation pseudo-rationnelle sophistiquée qui est en réalité un leurre. La férocité humaine a dépassé celle des animaux et, à la différence de cette dernière, elle se déclenche absurdement au nom d’objectifs imaginaires. La lutte contre la haine ne se limite donc pas à la domination de la nature animale de l’homme, bien au contraire, elle vise l’inhumanité, la perversion et le mensonge, anomalies spécifiques de la haute culture qui ne peuvent être éradiquées tant que le monde n’en a pris connaissance.
Les hommes libres et lucides supprimeront un jour la Haine et édifieront un monde où personne ne devra haïr ou être victime de la Haine. Sans chercher des définitions complexes de la « Liberté », on peut admettre qu’elle chasse immanquablement le mensonge et la Haine, non seulement du cœur des hommes, mais des relations entre les humains et de l’ordre social. Ainsi, l’opposition au mensonge et à la Haine est déjà une première manifestation de la Liberté… »

Julius Margolin, Voyage au pays des Ze-Ka.

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